Projets de soutien à la population de seiches dans les pertuis charentais
La seiche : 1e espèce pêchée en tonnage en Charente-Maritime
La seiche (Sepia officinalis) est exploitée par de nombreux navires, que ce soit près des côtes (fileyeurs, caseyeurs) comme au large (chalutiers), et ce durant une grande partie de l’année.
Le constat général du déclin des captures dans les pertuis et la volonté des professionnels de soutenir la ressource ont fait émerger ces projets, qui sont menés par le CDPMEM17.
Une description plus détaillée de chacun des axes du projet est disponible ci-dessous.
Quelques infos sur la seiche commune (Sepia officinalis)
Biologie et caractéristiques
La seiche commune (Sepia officinalis, Linneus,1758) est un céphalopode marin de la famille des Sépidés (seiche géante Sepia apama, seiche flamboyante Metasepia pfefferi).
Son corps de forme aplatie et plutôt ovale et sa nageoire ondulante (appelée manteau) lui permettent de se mouvoir. Elle possède 8 bras tentaculaires et 2 plus longs possédant des ventouses qui sont essentiellement utilisés pour capturer ses proies.
La longueur moyenne du manteau des femelles est comprise entre 15 et 25 cm, tandis que la longueur maximale du manteau des mâles est de 30 cm.
On la trouve le long des côtes en Atlantique Nord-Est, en mer Baltique et mer du Nord, jusqu’au Nord-Ouest de l’Afrique ainsi qu’en Méditerranée (FAO, 2021).
Elle vit sur des substrats sableux et vaseux, dans le sublittoral peu profond et au large jusqu'à 200 m, mais on en trouve en grande majorité à 100 m de profondeur. C'est une espèce démersale, qui préfère les côtes modérément chaudes et eaux peu profondes ainsi que les plateaux continentaux.
La seiche est une espèce opportuniste, elle consomme une grande variété de proies telles que les polychètes, autres céphalopodes, crustacés et poissons osseux (Jorge and Sobra, 2004). Elles peuvent capturer leurs proies en moins de 15 millisecondes (Hanlon and Messenger, 1996).
Dans le golfe de Gascogne, elle peut vivre 1 ou 2 ans selon un gradient latitudinal de la péninsule ibérique aux côtes de la Manche (Boucaud-Camou & Boismery, 1991).
Cycle de vie et migrations
Le cycle de vie de la seiche commune est corrélé aux saisons. En effet, lors de la période de reproduction qui débute aux mois de mars/avril, les reproducteurs migrent près des côtes pour se reproduire. A l’issue de la période de ponte, qui a lieu environ 2 mois après la fécondation, les seiches meurent. (Onsoy and Salman, 2005)
La taille des œufs varie entre 6 et 9 mm de diamètre et les femelles les plus grandes, et ainsi les plus âgées, produisent des œufs relativement plus gros.
Ils sont pondus par grappes de 50 à 150 unités sur des structures telles que les algues mais aussi sur des filets de pêche ou les casiers de pêcheurs (Bloor et al., 2013).
La durée d’incubation des œufs varie selon la température de l’eau (Basuyaux, 2010). Dans les eaux charentaises, on estime à environ 2 mois la période entre la ponte et l’éclosion.
La seiche commune n’a pas de stade larve, lorsqu’elle éclot elle est directement au stade juvénile. Les juvéniles restent quelques temps près des côtes puis migrent au large au début de l’automne, où elles passeront l’hiver.
Sur l'image ci-dessous, on peut observer une ponte de seiche sur un bout mis à l'eau pour le projet seiches 2020.
Méthodes de pêche
La seiche commune est présente toute l’année sur les étals des poissonniers.
En effet, elle peut être pêchée par une diversité de métiers. Les chalutiers peuvent l’exploiter toute l’année car elle est présente au large lors de son hivernage.
Lors de la saison de reproduction, lorsqu’elle migre près des côtes de mars-avril à mai-juin elle est majoritairement pêchée au filet trémail dans le sud Golfe de Gascogne. Les filets sont lestés à leur base par une cordelette plombée et ancrés sur le fond. Les filets sont remontés tous les jours.
Certains pêcheurs dans les pertuis charentais la pêchent encore au casier, qui est la technique la plus ancienne utilisée mais qui se perd peu à peu au profit du filet
Pêche de la seiche au casier dans les pertuis charentais
musique: Bensound.com
Production de seiches en Charente - Maritime
La seiche commune est une espèce d’intérêt halieutique importante pour la filière. En effet, c’est la 3e espèce en tonnage débarquée et la 6e en valeur en Charente-Maritime.
Les principaux ports de débarque de seiches en Charente-Maritime sont La Cotinière (Oléron), Royan et La Rochelle.
Sepia officinalis a une courte durée de vie d'un à deux ans, la mortalité se produisant peu après la reproduction. Le recrutement de la population dépend donc fortement du repeuplement des individus pour remplacer la mortalité massive des adultes après la reproduction (Hastie et al., 2009, Challier et al., 2006). Cette durée de vie courte et à croissance rapide implique que le stock de chaque année est presque entièrement constitué d'une seule population, voire de deux en Manche (Royer et al., 2006).
Ceci entraîne de grandes fluctuations dans les débarquements, que ça soit en Manche ou dans le Golfe de Gascogne. Les estimations issues des évaluations de stock ont montré une variation du recrutement d’un facteur 2 d’une année sur l’autre.
Ci-dessous, les variations de la production de seiches en Charente-Maritime depuis 1994. On note une tendance à la baisse depuis 2015, et il n’y a pas eu de fort taux de production similaire à ceux de 2007. Ces données sont à prendre avec précautions car elles ne prennent pas en compte les variations du nombre de navires de pêche.
Règlementation et gestion
Il n'existe pas de taille minimale de capture ni de quotas européens pour la seiche.
Par contre, dans les pertuis charentais l'effort de pêche est contrôlé par la longueur maximale de filets autorisée à l'eau (6000 m max par navire) et le maillage minimal de 100 mm.
Le chalutage est également interdit aux navires dont la taille est supérieure à 12m et la puissance à 73,6 KW.
La seiche de moins de 100 grammes (T32) n'est pas autorisée à la commercialisation pour la consommation humaine mais uniquement pour les besoins en appâts.
Dans d'autres secteurs du Golfe de Gascogne des périodes de fermeture sont parfois instituées, voire un encadrement via des licences de pêche.
Intérêt du projet
Les pertuis charentais constituent un site de reproduction majeur pour la seiche dans le Golfe de Gascogne. Afin de soutenir sa reproduction, le CDPMEM 17 multiplie depuis plusieurs années des actions d’expérimentation et de déploiement de pondoirs artificiels permettant d’augmenter le nombre de supports de pontes disponibles et le nombre de juvéniles nés dans les pertuis.
L’objectif principal est l’exploitation durable de la seiche dans les pertuis par un soutien à sa reproduction.
Principaux objectifs
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Consolider les capacités des pêcheurs professionnels dans le déploiement des filières de pondoirs artificiels à seiches et les accompagner dans l’appropriation de la pose et du suivi de ce type de matériel,
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Accroitre les connaissances sur l’efficacité des incubateurs à seiches permettant d’amener à éclosion des oeufs qui seraient normalement perdus sur les engins de pêche,
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Communiquer sur le projet et valoriser l’implication des professionnels