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CEPHASTOCHE : un projet porté par l'Université de La Rochelle et participation du CDPMEM17

Certains d'entre vous ont peut-être croisé des jeunes en blouse/tenue de pêche et équipés contre le froid certains mardis après-midi à la criée de La Rochelle... en lisant cet article vous pourrez enfin comprendre pourquoi !


Le projet CEPHASTOCHE s’inscrit dans un programme de recherche collaboratif entre scientifiques, acteurs du territoire et professionnels de la pêche. Il vise à améliorer les connaissances sur l’écologie de la seiche commune Sepia officinalis dans le Golfe de Gascogne. Il a débuté fin mars 2021 et se poursuit jusqu'à octobre 2021.




Contextualisation

Il existe peu de connaissances scientifiques des migrations de la seiche et de la répartition de la population dans le Golfe de Gascogne, qui dépend du gradient de température nord-sud et régulant son histoire de vie : vitesse de croissance, âge de la maturité sexuelle...


Dans les régions méridionales (péninsule Ibérique), le cycle de vie est d’une durée d’1 an : les œufs se développent au printemps sur les côtes, puis les juvéniles migrent au large à partir de l’automne pour poursuivre leur développement et acquérir leur maturité sexuelle. La maturité sexuelle est achevée lors de la migration côtière au printemps suivant, suivie de la reproduction et de la mort des géniteurs après la ponte.

Dans les régions les plus septentrionales (Manche Est notamment), ce cycle de vie s’étale majoritairement sur 2 ans, ponctué par deux périodes de migration côte-large.


Figure présentant les différents cycles de vie de la seiche (A.Buresi, 2013)


Il se trouve que dans le Golfe de Gascogne, les deux durées de cycle de vie ont été observées, faisant de cette zone une aire mixte accueillant les deux types de reproducteurs.


Un cycle de vie annuel signifie que la population se renouvelle intégralement chaque année. Bien que le taux de croissance soit supérieur et le taux de mortalité inférieure, une reproduction par des individus d'un an repose théoriquement sur des individus plus petits et moins féconds que si les individus avaient 2 ans. Il existe donc un risque pour le succès du renouvellement de la population qui tient donc qu'à une génération.


Ainsi, il devient primordial de déterminer la proportion de reproducteurs d'1 an et 2 ans au sein de la population dans le Golfe de Gascogne car ceci détermine fortement son potentiel de résilience face à une augmentation de l’effort de pêche ou des variations climatiques.


Le projet

Grâce à des suivis biométriques (mesure de la taille du manteau et pesée des individus), le laboratoire du LIENSs (LIttoral ENvironnement et Sociétés - UMRi 7266) souhaite augmenter et affiner la connaissance des migrations de la seiche dans le golfe de Gascogne. Ce projet se décline dans le golfe du Morbihan, en mer des pertuis charentais et dans le Bassin d’Arcachon, en partenariat avec les 3 criées de ces régions (respectivement Quiberon, La Rochelle et Arcachon).

SUIVIS EN CRIEE

Des suivis bimensuels sont réalisés : mesures de taille de manteau, poids et sexage de 40 individus par catégorie commerciale (1 : individus >500g, 2 : individus [200-500g], 31 : individus [100-200g], 32 : individus <100g). Le CDPMEM17 est mobilisé pour les suivis en criée 2 mardis après-midi par mois.


Mesure de la longueur du manteau et pesée


Ci-dessous, un schéma présentant la longueur que l'on mesure sur chaque individu.


Parmi les seiches mesurées, les plus grandes avoisinaient les 30cm tandis que les plus petites seulement 6cm!


Les individus mesurés sont les seiches ayant été débarquées la veille ou le jour même, après leur pesée et juste avant leur vente aux mareyeurs. En plus de noter la catégorie commerciale, on note également le type d'engin de pêche utilisé.

Ces mesures sont réalisées directement dans les frigos de la criée, afin de ne pas abîmer les produits dont la fraîcheur doit rester garantie aux acheteurs.


Il s'agit donc de bien se couvrir pour ces sessions de 2h, pour le froid mais aussi (et surtout) pour ne pas se salir avec l'encre !


Détermination du sexe des seiches mesurées


Afin de d'affiner les informations concernant les rapports poids/taille, le sexe des seiches est aussi déterminé.


Pour identifier les mâles, on observe le tentacule le plus ventral côté gauche. Si sa base est striée et ne possède pas de ventouse, on peut affirmer que c’est un mâle. Souvent, les mâles sont rayés et facilement reconnaissables.


Pour identifier les femelles, on observe l’intérieur de la seiche : les glandes nidamentaires sont orangés vifs (voir suite de l'article pour une photo) et s’observent par l'intérieur de la seiche. Ce n'est donc pas toujours évident lorsqu'elles sont pleines d'encre. En général, on observe le même bras que chez le mâle : s'il possède des ventouses tout le long, c'est une femelle.


Il est beaucoup plus compliqué d'identifier le sexe des juvéniles (les <100g surtout) puisqu'ils ne sont pas encore matures et ne présentent donc pas encore les caractéristiques morphologiques de leur sexe.

DISSECTIONS DES SEICHES 

Une fois par mois, le LIENSS récupère 10 seiches par catégorie commerciale afin d'en extraire certains organes, destinés à diverses analyses qui seront présentées ci-dessous.

Grâce à la générosité des marins-pêcheurs et leur volonté de s'impliquer dans le projet, le LIENSS peut aller plus loin dans son analyse des seiches pêchées dans les pertuis.

Le CDPMEM 17 et l'Université de La Rochelle remercient chaleureusement les marins-pêcheurs pour leur implication dans ce programme de recherche scientifique.


Avez-vous déja vu... une seiche disséquée ? Maintenant oui!


Ci-dessous un schéma légendé :

Ci dessous des figures des dissections réalisées par Mickaël Heudier dans le cadre de son stage de Master1 au sein du LIENSS pour le projet CEPHASTOCHE.


Quels sont les organes prélevés ?


A quoi vont-ils servir ?


Le manteau et le bras vont être utilisés pour analyses génétiques.

Le bec et l'os de seiche vont être lyophilisés et vont être dosés pour déterminer les éventuels contaminants présents (analyse écotoxicologique).

Les statolithes vont être analysés pour déterminer l'âge exacte de la seiche : ils présentent des stries de croissance.

Les diverses glandes vont être pesées pour évaluer la maturité sexuelle des individus.


Réalisés chaque mois sur des individus de toutes les catégories commerciales disponibles, provenant des 3 criées différentes, ces prélèvements vont approvisionner une base de données qui sera exploitée en vue d'approfondir les connaissances sur ce céphalopode !




Salomé Khatib

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Profil : master 2 ou équivalent dans le domaine de l'environnement, de l'halieutique et de la biologie marine Durée du stage : 6 mois, de mars à août 2022 Lieu : Antenne du CDPMEM 17 au Port de pêche

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